Par monts et par mots

On a chacun non petits coins secrets, nos petits "jardins" secrets. Pour beaucoup, c'est une petite balade sans prétention à côté de la maison, avec la petite boucle habituelle qui permet de s'aérer. Pour certains, ce sont des coins à champignons, la petite haie de mûres ou de framboises... Des coins qu'on a tendance à garder secret ; non pas pour se les approprier mais parce qu'une partie des "choses" que l'on va chercher dehors, c'est aussi la tranquillité, le calme, l'éloignement de la civilisation. On passe suffisamment de (bons) moments entre humains pour qu'on ait aussi envie de temps en temps (en proportion, assez peu souvent finalement) de se retrouver seul ou en tout petit comité.

Pour le skieur, c'est aussi le plaisir de tracer. Deux jours ; deux sorties de proximité. Une à l'est ; une à l'ouest. Dans mes jardins fétiches. L'un des deux sera gardé secret : 2000 mètres de poudre cinq jours après la dernière chute de neige, cela devient trop rare dans nos montagnes. L'autre illustrera ce petit sujet, tant il était magnifié par les conditions de cette journée.

Encore une bien belle sortie en Chartreuse, partagée avec les amis et sur une neige cinq étoiles. Un grand plaisir de retrouver ce massif complètement sinistré l'hiver dernier. Là encore, beaucoup de monde dans les environs ; il faut se creuser la tête pour sortir des traces. La fréquentation hivernale de la montagne a explosé ces dernières années. Peut-être va-t-il falloir qu'on réfléchisse tous ensemble à essayer de l'organiser un peu afin de préserver au mieux le milieu sans entraver la liberté d'aller et venir de chacun. Un sacré programme et sans doute un petit défi.

Sortie du vendredi après-midi au-dessus de la maison cause timing. On part dans le Vénétier et on se laisse porter là où les skis nous mènent avec l'idée d'atteindre une nouvelle fois les deux kilomètres verticaux. Impressionnant de voir autant de voitures en semaine et autant de traces après seulement vingt-quatre heures de soleil ! Trois montées ; trois descentes et le compte est bon avec quand même une petite pause pour admirer un magnifique grand corbeau, the raven (en Anglais), sans doute à la recherche de quelques miettes éparpillées par les nombreux randonneurs dans le secteur.

Depuis le temps que je leur en parle... Cette fois, c'est décidé. Ma grande fille est sur-motivée pour une sortie nocturne. Le départ se fait vers 18h, pile au moment où la nuit impose d'allumer la frontale. La montée à Pravouta passe comme une lettre à la poste : à peine une heure pour les 550 mètres d'ascension. On traverse pour profiter de la meilleure neige. 20h : à table pour une raclette qui clôture cette belle fin de journée. Moments partagés au top. A faire sans modération.

Images EOS R8 (6400/12800 ISO) + RF 35 f1,8.

En d'autres temps, nous nous serions rués vers un couloir. Nous serions montés en altitude.

Aujourd'hui, premier jour de visibilité après plusieurs jours de neige, nous resterons sages à arpenter des pentes inférieures à 2000 mètres au milieu des sapins, allez, avec quelques variantes dans des talus raides. Serions-nous devenus vieux ? Sûrement. Mais surtout à la recherche du plaisir sans la performance. Le plaisir d'être là avec les copains et le plaisir de trouver la meilleure neige. Cette matinée nous aura comblés et c'est bien là l'essentiel. Les habitués reconnaîtront ces lieux.