Par monts et par mots

Compte tenu des dimensions du plus grand massif montagneux français, il existe mille et une façons de traverser le Massif Central. Nos critères furent les suivants :
- Petites routes exclusivement. Eviter la circulation en d'autres termes.
- Altitude. Pour des raisons tout autant paysagères que de températures, l'idée était de rester au-dessus de 1000 mètres et donc de ne pas descendre dans des vallées trop profondes. Toutefois, il n'était pas possible d'y échapper complètement ; aussi, nous nous étions fixés l'altitude minimale de 800 m sauf évidemment aux points de départ et d'arrivée.
- Accès (et retour) par transports en commun (donc train) avec le moins de complication possible.

Lors du regroupement des régions en 2016, contrairement à ce qui était utilisé avant (dans les news regroupant les deux régions, on parlait de "Rhône-Alpes - Auvergne" ce qui était cohérent compte tenu de l'importance démographique de la première), on a choisi l'ordre alpha d'où le sigle AURA. Un nom qui sonne "beau". Ce sera du coup notre fil conducteur : traverser les différents départements auvergnats de la région AURA dont l'altitude dépasse les 1000 mètres : Puy-de-Dôme, Cantal, Ardèche et Haute-Loire. Petite entorse, nous passerons par le nord de la Lozère parce que c'est magnifique et que ça permet de garder l'altitude. En somme, notre trace dessinera un L depuis Clermont-Ferrand jusqu'à Valence en passant par l'Aubrac.

Etape 1. Clermont-Ferrand - contreforts du puy de Dôme (bivouac)
* Train Brignoud-> Grenoble + Grenoble -> Lyon -> Lyon - Clermont. Env. 100€ à trois avec promo Illico. Valable.
* Clermont -> plateaux à l'ouest du sommet du Puy de Dôme. 25 km ; 650 D+
On débarque à 14h dans un four. La montée à Burtol est abominable. Heureusement, du monde attend le Tour et nous grimpons sous les encouragements de la foule. Départ difficile pour les filles ; heureusement, la montée à Ternant est moins raide et ombragée. Arrivés à Vulcania en ayant fait le tour par nord, nous allons prendre des pistes forestières mais voilà que nous sommes bloqués par un vigile. Incroyable, ce sont les consignes de l'étape du tour de France : interdire, même aux piétons, tous les accès autour du puy de Dôme, arrivée de l'étape où aucun spectateur n'est autorisé compte tenu de l'étroitesse de la chaussée. On a beau expliquer le but d'un bivouac etc, rien n'y fait. Après avoir annoncé que de toutes façons, nous passerons par un autre chemin voire dans la forêt, il nous menace d'appeler la gendarmerie. Le véhicule qui attend derrière nous entend la conversation et finit par faire demi-tour. Une fois parti, le vigile nous dit de passer. Nous n'aurons pas à nous prendre la tête dans les bois. Superbe bivouac dans une belle prairie près d'une source. Il fait frais ; on respire !

Parcourue en 2019 avec Thibault, cet enchaînement rassemble les trois traversées indépendantes des aiguilles de l'Argentière. C'est sans doute le plus long parcours d'arêtes grimpant tout le long du massif. Quatre ans plus tard, m'y voici de nouveau, avec le plaisir d'accompagner Pauline et Laurent jusqu'à la fin de l'itinéraire, i.e. à l'aiguille de Marcieu et même un peu en deçà. C'est en effet en haut du couloir sud que nos chemins se séparent : le couloir sud (piolet indispensable en ce moment) pour moi et le versant ouest pour eux qui, ensuite, remontent bivouaquer au rocher Blanc pendant que je rentre au col du Glandon. Ils ont pour projet de poursuivre les arêtes vers le sud du massif.

Quelques images de ce bel enchaînement qui passera mieux si on est familier de la progression dans ce type de terrain.

Des pins à crochets (et accrochés) dans les rochers ont poussé les équipeurs de ce site à lui donner ce nom. Depuis cinq ans, les escalades en face sud-est de la dent d'Alexandre, dans le sud de Belledonne, sont devenues le deuxième site du massif en nombre de voies sur un même secteur (après les rochers de l'Homme).

Deux moments là-haut pour moi en moins d'une semaine, me permettant au passage de réaliser mon 150è itinéraire de grimpe distinct dans le massif, une fois avec David et une autre avec ma fille Emie. A noter de belles résurgences la première fois le lendemain d'une forte pluie (Oxymaure était toutefois praticable) ; et une fréquentation raisonnable la seconde (un jour de beau temps en semaine). Noter également que les cotations de mon topo Belledonne Escalade sur "les Corses célestes" sont sans doute un poil gentilles même si on trouve du 5c dans l'avant dernière longueur (et du 5b dans les autres).

Repérée par Julien à l'automne dernier lors de l'ouverture de Barbarossas, cette ligne qui mène au sommet même des Ilettes était tentante. J'y étais remonté la semaine dernière avec David (merci à lui) pour peaufiner les repérages et porter du matériel nécessaire à l'ouverture.

Et finalement, l'affaire aura été rondement menée, plus vite que prévu, malgré une péripétie qui aurait pu avoir de fâcheuses conséquences. En effet, pour atteindre l'attaque, il fallait désescalade dans le trou formé entre le rocher et le névé résiduel. La fleur au fusil, je m'exécute avec relâchement quand un pied zippe. Et voilà que je tombe de tout mon poids dans le bousin. Fort heureusement sans bobo.

Il est 10h quand nous attaquons. Il nous faudra 4h30 pour sortir au sommet, bien chargés de matériel... dont beaucoup aura été porté pour rien. Au final, c’est une voie très montagne qui remonte les flancs du grand couloir issu du sommet même des Ilettes. L’escalade est facile ; les deux ressauts en 5b sont évitables par du 3. Les longueurs sont peu soutenues. Le rocher est bon mais il reste pas mal de pierrailles sur les vires de la partie inférieure. Prendre garde en cas de plusieurs cordées dans la face. L’ensemble se protège bien avec des friends dès que ça dépasse le 3. Les seules sections où il faut grimper sans chercher à protéger sont faciles. C’est une belle initiation au terrain traditionnel.

Le topo

Ilettes 2700 m, face sud « la ligne verte »

250 m - 5b max ; 4c obligatoire

Ouverture : Julien Pierson, Lionel Tassan 27 juin 2023, aidés par David Ronayette.

En place, 2 goujons inox 10 Petzl par relais + 1 à 3 points par longueur.

Matériel nécessaire : corde à simple 50 m, 8 dégaines, Friends 0,3 à 3, quelques sangles.

Approche (2h30 de la Betta ou du Rivier-d’Allemont)

De la Betta, rejoindre le pas de la Coche puis suivre le GR738 vers le nord. Du Rivier, monter en direction du pas de la Coche et rejoindre le GR738. Prendre la direction du col de la Vache. On parvient à un plateau vers 2350 m. A l’extrémité est de celui-ci, monter droit vers la face. Repérer le grand couloir sud. La voie attaque à gauche de celui-ci, sur le pilier qui le borde. Départ au plus bas de ce petit pilier (plaquette visible).

Cheminement

L1 : Remonter ce pilier sur quelques mètres (5b, 1 point) ou le contourner par la droite (3b) puis poursuivre plus facilement (3c). Ne pas monter en direction d’un petit pin bien visible mais traverser à droite au bout de 35m pour faire relais sur une vire confortable.

L2 : Partir en ascendance sur la droite sans aller jusque dans le couloir. Franchir un petit passage un peu plus raide (4a, 1 point) puis faire relais sur une terrasse confortable (35 m).

L3 : Franchir un petit mur (1 point) puis poursuivre non loin du fond du couloir par des gradins de pierrailles jusqu’au pied d’un petit mur qu’on franchit (4b, 2 points). Relais confortable un peu au-dessus (45 m).

L4 : Le couloir forme un Y. Gagner facilement la branche de gauche puis traverser à droite remonter un mur vert puis un peu plus lichéneux, donc entre les deux branches du Y (4c, 2 points). Le relais se trouve en haut de ce mur légèrement sur la droite (45 m).

L5 : Rejoindre facilement le couloir à gauche : on parvient au pied d’une belle dalle jaune en son centre. Ne pas s’y diriger mais remonter de belles dalles fissurées sur la droite (4b, 1 point) pour faire relais juste avant que le pilier se redresse (40 m).

L6 : Gravir le pilier à droite (4c, 1 point assez haut bien visible du relais). Poursuivre par des dalles plus couchées (3b, 1 point) et faire relais au pied du mur terminal (45 m)

L7 : Tout droit par un mur raide en direction d’une brèche (5b, 2 points). Sortir sur l’arête ouest et aller faire relais un peu plus haut. On peut éviter le mur final par les dalles vertes à droite (3b). 25 m. Le sommet est à trois minutes.

Descente : par la face ouest (gradins pierreux et névés) jusqu’à un replat flanqué d’un petit lac puis tout droite à gauche dans des pentes raides pour revenir au grand replat au pied de la face sud.

NB : la première longueur est en granite mais la suite semble être de la serpentinite d'où cette couleur verte. Deux photos d'ambiance seulement, prises à la Dji Osmo (on est suffisamment chargé dans ce genre d'entreprise pour se permettre d'emporter le gros appareil).

Une sortie vélo avec Stella en mobilité douce. Départ de la maison jusqu'à la gare de Brignoud puis direction Grenoble en train TER et direction Villard-de-Lans en car. Plusieurs lignes (voir sur le site cars région) sont en effet équipées de porte-vélos sur l'arrière du car (attention, seulement pour 6 vélos). L'installation est assez facile à faire mais est à faire par le cycliste (et non par le chauffeur). Un tuto est disponible sur le site des cars.

La suite comporte une soixantaine de kilomètres avec quelques montées sur le plateau puis pour aller à Saint-Nizier et ensuite pour revenir à la maison mais l'itinéraire est principalement descendant (400 m de montée, 1100 m de descente). On emprunte la via Vercors jusqu'à Saint-Nizier puis l'historique voie du tram pour descendre à Grenoble (ou la route, assez tranquille à la mi-journée en pleine semaine).