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Publié le 16 Octobre 2018

C'est la question que je me pose aujourd'hui, en tous cas sur la politique française menée par notre gouvernement mais surtout par les lobbies qui lui dictent (parfois/souvent/toujours - rayer la/les mention (s) inutile(s)) la marche de conduite à suivre.

Malgré les messages d'alerte lancés par des scientifiques indépendants, notre pays, me semble-t-il, a beaucoup de mal à prendre des décisions dans l'optique d'une pérennité de l'espèce humaine. Et étant parent, j'avoue que cela commence à m'inquiéter sérieusement. 

Je n'ai ni la prétention, ni le courage et peut-être pas les moyens intellectuels de me lancer ce matin dans une nouvelle disserte philosophique et si mon inquiétude grandit, elle est en même temps régulièrement stoppée par des actions optimistes. Petit passage en revue de l'actualité.

- La fonte des glaciers. J'ai naïvement cru qu'une fois le réchauffement climatique stabilisé, nous arriverions à un nouvel équilibre. Que nenni. J'avais sous-estimé, par méconnaissance du phénomène, son ampleur. Aujourd'hui, on est en train d'assister à la disparition de glaciers emblématiques : Sarenne dans les Grandes Rousses peut être considéré comme un souvenir, le glacier de Freydane dans Belledonne, se rapproche du film alimentaire qui entoure le sandwich... J'ai vu les faces nord du bassin d'Argentière (massif du Mont-Blanc) pratiquement noires mis à part la présence de névés continus au-dessus de 3700 m d'altitude. Le glacier Carré à la Meije est en train de disparaitre !!!

- L'absence d'évolution vers une agriculture raisonnée alors qu'on nous bassine sur les efforts (justifiés) que chacun doit faire. Oui nous devons repenser notre mode de vie à notre petite échelle. c'est indiscutable. Mais comment convaincre une opinion publique massivement tournée vers la critique (facile) quand on ne montre pas, en-haut, le bon exemple ? On notera par exemple le vote pour le refus de l'interdiction du Glyphosate, le soutien massif aux agriculteurs avec nos impôts quel que soit leur mode de culture. Aucun encouragement généralisé aux petites structures de développement durable. En parallèle, certains agriculteurs éleveurs s'élèvent contre la réintroduction de deux ours(es) dans les Pyrénées, menaçant de battues sauvages et peu de réaction à leur encontre dans les pouvoirs publics. Quand on voit l'importance de sauvegarder notre biodiversité, l'ours est un symbole fort. L'argent engagé dans cette réintroduction (un détail parmi tant d'autres mais symbolique) grâce à la signature de Nicolas Hulot juste avant son départ ne devrait-il pas être accompagné de sanctions massives à l'égard de ceux qui s'y opposent ? Bon allez, un peu de positif cette fois avec cet article, écrit juste avant le lâcher.

- Notre biodiversité en danger. Alors que le moustique tigre pullule, que la pyrale du buis décime cet arbuste emblématique, les espèces endémiques prennent un coup de plus en plus fort chaque année. En témoignent les hirondelles qui ont vu chute leurs populations en près de 70% en trente ans. En verra-t-on encore dans dix ans ? De manière générale, les petits passereaux qui représentent près de 80% des espèces d'oiseaux sont en (grand) déclin. Pour avoir eu quelques années passionnées de mon côté au début des années 90, le constat est alarmant. De manière générale, restent les espèces qui étaient les plus courantes (moineaux, merles, mésanges, rouge-gorges, pinsons...) mais les autres, celles qui étaient moyennement communes (linottes, verdiers, bouvreuils, fauvettes, sittelles, gobe-mouches...) sont devenues vraiment rares. Voir cet article ci-dessous du printemps dernier qui donne quelques explications. Dans ce contexte, le retour de "gros" animaux comme l'ours, le loup, les vautours... est un signe d'espoir qu'il faut absolument entretenir. Toute personne s'y opposant devrait être sévèrement sanctionnée. Aujourd'hui, on est loin, très loin du compte.

- La chasse. Peut ne pas être nuisible, loin de là, à condition d'en fixer des règles compatibles avec un enrichissement de la biodiversité. En chassant plus de soixante espèces d'oiseaux, on en est loin et le slogan "premiers écologistes de France" une belle mascarade. Il ne s'agit pas de critiquer coûte que coûte mais il est vrai que là, ils ont donné le bâton pour se faire battre. A côté de cela, le durcissement de cette activité pour protéger certaines espèces sensibles sans parler de la sécurité (encore un accident mortel le week-end dernier en Haute-Savoie - mais comment peut-on tirer délibérément sur un vététiste ???) qui pose des soucis avec l'explosion des pratiques outdoor (sans doute parce que l'homme prend massivement conscience de ce que lui apporte notre planète) est attendu par 80% de la population. En attendant, c'est plutôt le contraire avec l'allongement de la période de chasse, la diminution du prix du permis national, etc (des mesures qui ne devraient pas changer grand chose sur le terrain mais qui, encore une fois symboliquement, n'aident pas). Je ne développe pas davantage pour ne pas que cela prenne une disproportion par rapport au reste mais pour moi, il s'agit quand même de l'accident de trop. La voiture tue aussi et beaucoup plus en valeur absolue mais d'une ce n'est pas pour autant qu'il ne faut rien faire, et de deux, le peuple "l'accepte" alors que ce n'est pas le cas pour une balle. D'autre part, le fusil est une arme, pas la voiture. A méditer.

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Rédigé par lta38

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Publié le 4 Septembre 2018

C'est le nombre de personnes désormais autorisées quotidiennement sur la voie normale du mont Blanc versant Saint-Gervais. Pour y être passé plusieurs fois, je constate aussi un nombre non négligeable de personnes qui n'ont pas le niveau requis : physique (des horaires hallucinants, des rythmes "ressauthillariesques"), technique (attitudes sur les pentes de neige), de connaissances (sacs contenant 50% d'inutile, avec à côté des oublis, choix des passages...). Mais cette mesure préfectorale fait surtout suite à une fréquentation jugée trop grande ce que personne ne conteste.

Quelles sont les conséquences directes ?

- Des gendarmes seront placés quelque part, probablement vers Tête Rousse afin de filtrer le passage en échange de justificatifs : les réservations au refuge du Goûter seront les laisser-passer. Ceux qui partent de Tête Rousse devront aussi justifier de leur nuitée. Quant aux "summiters" à la journée avec un point de départ plus bas, ce sera sans doute après discussion qu'on les laissera (ou non) passer. Les autorités jaugeront de la capacité du prétendant. Comment ? A la tête du client ? A son matériel ? A son baratin ? (liste de course, vocabulaire ?). Sans doute un peu de tout ça.

- Il apparaît peu probable que le contrôle se fasse 24h/24 ; on va sans doute assister à des passages nocturnes plus réguliers.

- On risque peut-être aussi d'avoir des tentatives de contournement en terrain douteux (dangers supplémentaires) bien que la topographie des lieux ne le permette pas trop.

Quelles sont les raisons qui ont motivé cette règlementation inédite en montagne ?

- La sécurité. Je reste dubitatif sur ce point. La moyenne des accidents mortels sur cette voie est inférieure à quatre par an (chiffres Fondation Petzl sur la période 1990-2011) avec de fortes disparités (17 morts en 2017). Bien sûr chaque vie mérite d'être sauvée mais, compte tenu du nombre de passages sur cette voie (plus de 300 par jour favorable sur les trois mois estivaux), on peut considérer que le taux de décès reste très faible. De plus, l'assujettissement à la réservation de la nuitée est indépendant de la sécurité. Rien ne dit que parmi les futurs acceptés, il n'y ait pas les moins bien préparés à cet itinéraire. Pour faire du chiffre sur la sécurité, une mesure comme la division par deux du taux d'alcoolémie autorisé lors de la conduite aurait sans aucun doute des résultats bien plus probants... Il reste toutefois la sécurité en cas de problème (incendie notamment) dans un refuge dont les normes d'accueil sont souvent dépassées. Celle-ci ne peut être ignorée.

- Le confort. Là, c'est effectivement le véritable souci avec des refuges qui dépassent les capacités d'accueil et Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais-Mont-Blanc, fait preuve de bon sens en pointant du doigt un problème qui est loin d'être nouveau contrairement à ce qu'on laisse transparaitre : je ne faisais pas encore d'alpinisme dans les années 80 et je me souviens pourtant des reportages sur les couloirs de la mort, les gens qui dormaient sur les tables au Goûter... Cet inconfort, à des moments de pointe touristique, se retrouve dans les parcs d'attraction, à l'attente aux péages d'autoroute, à la benne de l'aiguille du Midi, à la sortie du dernier Star Wars, au concert de U2... avec les dangers liés en cas d'attentat, d'incendie, d'intempéries, de problème technique... Cela ne génère pourtant pas de règlementation et encore moins de verbalisation.

Pourquoi la montagne a-t-elle toujours ce traitement à part ?

- Dans le cas présent, cette limitation n'a que peu d'impact sur les retombées financières des partenaires (commune, CAF, professionnels du tourisme en tous genres)

- Elle pourrait même aller en sens inverse en augmentant le quota des guides de Saint-Gervais : en prenant un guide, vous serez assurés de la réservation. Cette limitation aura donc un fort impact sur les "sans-guide".

- Le mythe de "l'Alpe homicide" reste bien présent, un peu comme le rôle de LA Bête pour le loup. Les traditions ont la vie dure ; en particulier, les autorités s'appuient sur les jugements du grand public majoritairement néophyte. Un accident en montagne est souvent associé à un comportement suicidaire, de folie, d'inconscience...

Cette règlementation va-t-elle résoudre les problèmes évoquées ?

Il est encore tôt pour le dire mais :

- Pour la sécurité sur l'itinéraire, on en doute (voir supra), en tous cas pas significativement.

- Pour le confort, c'est possible mais il faudra attendre avant de conclure : les discussions vont être tendues entres les gendarmes (pour le coup, je n'aimerais pas en faire partie) et certains conquérants qui useront de tous les stratagèmes pour convaincre et on n'évitera pas les nuitées imprévues (et donc supplémentaires) d'alpinistes venus par les autres voies qui pourraient par la même voir leur fréquentation augmenter (d'autant plus que le niveau global des participants augmente)

- Elle reste un premier pas vers d'autres mesures de durcissement sûrement dans les cartons, qui pourraient avoir, cette fois, des retombées significativement positives sur les deux points (confort et sécurité) abordés.

 

Dans un monde de plus en plus normé, la montagne accouche donc d'un nouveau soubresaut. Nous sommes nombreux, parmi les pratiquants, à ne pas les cautionner. Les précédentes tentatives (on se souviendra par exemple durant l'hiver 1999 d'une interdiction de randonner à skis suite à l'avalanche de Montroc qui avait fait douze morts dans des chalets), très décriées, n'avaient pas trouvé de prolongation.

Nous espérons qu'il en sera de même avec cet arrêté qui reste en contradiction avec la liberté d'aller et venir. En même temps, la liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres. Cette limite, reconnaissons-le, peut paraître floue dans le cas présent. Mais la montagne comme la mer restent les derniers terrains sans règle. Malgré des activités connexes telles le trail et le ski-alpinisme qui tentent de poser des règles, la montagne de chacun d'entre nous est libre. Et, mis à part quelques pépins ça et là, avec des risques que nous connaissons et acceptons, il faut reconnaître aussi que ça se passe généralement bien et que la nature est indulgente y compris avec les inconscients (A l'inverse de l'inconscient qui travaille sur des machines humaines dangereuses : il est généralement rapidement rappelé à l'ordre).

Si l'on persiste à souhaiter une diminution pure et simple de la fréquentation du mont Blanc via le Goûter, j'avais évoqué la possibilité de fermer définitivement le refuge homonyme. Cela me paraissait bien plus intéressant que la fameuse liste de JMP qui frisait le ridicule et dont on ne parle presque plus. Mais cette mesure, pourtant tout à fait en accord avec cette idée de diminution et en adéquation avec le niveau physique grandissant des "touristes montagnards" (expression regroupant tout le monde, du plus néophyte à l'expert de haut niveau), ne l'est sans doute pas du tout avec ce qui reste encore et toujours le nerf de la guerre : l'argent !

​​​​​​​Dans tous les cas, c'est un beau sujet de dissertation. Vous avez deux heures !! Top !

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Rédigé par lta38

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Publié le 12 Août 2018

Quatre grandes voies en cinq jours. Rien ne me pousse à enchaîner un jour de plus. Avec François, on a quand même prévu une dernière sortie ce dimanche mais en vieillissant, je commence à devenir exigeant :
- Je n'ai jamais supporté le monde et ça ne va pas en s'arrangeant

- J'ai toujours détesté grimper dans des voies avec des cordées devant moi et attendre des plombes aux relais.
- Je ne supporte pas la chaleur

En revanche, j'étais prêt à me lever ultra tôt pour avoir la première benne du plan de l'Aiguille sauf que François, coincé par une surprise professionnelle à une heure tardive la veille, n'est pas tout à fait du même avis.

Aussi, la journée commence par un café/croissants dans un sympathique bar de la vallée et, voyant la foule à toutes les remontées mécaniques, se terminera là dans son versant "montagne". Je suis en montagne toute l'année, François également et ni l'un ni l'autre n'avons envie de passer douze heures pour faire six longueurs de grimpe. Car il est vrai que mis à part les Aiguilles, il n'y pas pratiquement pas d'escalades à l'ombre, critère du cahier des charges de bibi en cette journée annoncée à 34 degrés en vallée.

Chamonix-Mont-Blanc est une ville fantastique de par son "folklore", sa concentration en itinéraires d'escalade, le contraste entre la facilité de certains accès via les remontées mécaniques et l'engagement de ses itinéraires de montagne hors mont Blanc. C'est un point de passage inévitable pour tous les grimpeurs, alpinistes, skieurs, randonneurs, traileurs... Mais pour ma part, un dimanche du mois d'août, je crois que définitivement, c'est niet.

Animation en centre-ville

Animation en centre-ville

"Un peu" de monde à l'Aiguille

"Un peu" de monde à l'Aiguille

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Rédigé par lta38

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Publié le 13 Juillet 2018

L'été dernier, Monsieur Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais-les-Bains, pardon, Saint-Gervais-Mont-Blanc, promulguait un arrêté obligeant un équipement minimum pour gravir la voie normale du mont Blanc. Cela partait d'un bon sentiment, en tous cas, aux yeux du grand public, mais la méthode fut très décriée, ici et ailleurs pour d'évidentes raisons de déresponsabilisation, d'apport d'autres dangers, d'entrave à la liberté... en ajoutant que le contenu de cette liste de matériel était fort discutable en lui-même. Au final, personne n'a été verbalisé à ma connaissance et, au regard des centaines d'alpinistes qui ont gravi le sommet par la suite, je serais curieux de savoir combien ont été effectivement refoulés. 

Mais on ne pourra pas reprocher à Monsieur Peillex de rester bouché bée devant les problèmes que pose la surfréquentation du mont Blanc par la voie empruntant en grande partie le territoire de sa commune.

Le voici donc de nouveau au créneau avec des menaces de fermeture du refuge du Goûter si "on" (i.e. la préfecture) ne donne pas les moyens de faire respecter les normes de capacité d'accueil. En ce 14 juillet, les autoroutes sont bondées mais on n'interdit pas aux gens de circuler au-delà d'un certain seuil d'embouteillage. De même qu'on ne parle pas beaucoup des 121 morts par noyade le seul mois dernier en France. Le tabac fait des milliers de morts mais l'état a toujours le droit d'en faire du business sous couvert de campagnes de prévention et d'apposition d'un hypocrite "fumer tue" sur le paquet... Une fois de plus donc, la montagne est montrée du doigt, stigmatisée... La montagne fait peur, contrairement à la route, la cartouche gitane ou la piscine. Elle n'en est pas plus meurtrière mais elle fait peur et revient donc sur le devant de la scène une fois de plus.

Mais je m'égare ; après tout, je suis le premier à dire que ce n'est pas parce que des gens ont des cancers qu'il ne faut pas s'occuper de soigner une angine. Monsieur Peillex a raison de soulever ce problème du Goûter mais malheureusement, il écarte la solution évidente. En parallèle, Monsieur Lambert, préfet de Haute Savoie, propose une mesure ridicule : filtrer la montée à l'aiguille du Goûter sans preuve de réservation... Du jamais vu !
 

Messieurs Lambert et Peillex,

Je suis avec attention le feuilleton du mont Blanc et les nouvelles "couillonades" (ça fait un peu mal aux oreilles mais je trouve ce mot plutôt rigolo et tout sauf impoli - j'espère donc que vous me pardonnerez cette facétie littéraire) autour du refuge du Goûter. Monsieur Peillex, vous avez raison d'alerter les autorités (compétentes ?) concernant les dangers liés à la surfréquentation de ce refuge. Mais comment pourrait-il en être autrement ?

Avec toute la promotion qui est faite sur le toit des Alpes depuis des années, avec la seule aura de ce sommet, avec la météo radieuse de ce début d'été, la capacité d'accueil des vallées qui l'entourent,  la facilité d'accès par des sentiers boulevards, un train à crémaillère, un bout de câble à la moindre difficulté, une iconographie débordante et invitante... à quoi vous attendiez-vous d'autre ? 

Alors, on ne fait rien ? Non bien sûr. Mais comme l'année dernière à propos de l'arrêté obligeant un équipement minimum, la méthode employée n'est pas la bonne. Elle appelle à beaucoup de questions auxquelles on aura du mal à répondre :
- C
omment allez-vous mettre en place l'application de cet arrêté ? Allez-vous tendre une clôture électrique ceinturant toute la montagne du Goûter avec sentinelles munies de fléchettes anesthésiantes initialement destinées aux bouquetins du Bargy en cas de tentative de passage hors "sentier" ?
Si un prétendant au sommet se tue en sortant du "sentier" pour contourner le dispositif, la famille qui portera plainte sera-t-elle entendue ?
- Quid de celui qui part pour le mont Blanc à la journée (avec le matériel "recommandé" par la haute sphère) ? Ou celui qui se fait "juste" une montée à l'aiguille du Goûter ? Sera-t-il cru sur parole ? Si non, de quel droit lui interdisez-vous l'accès à la montagne ? Si oui, c'est un laisser-passer pour les menteurs et le problème reste entier.
- On fait quoi dans huit jours ? (NDLR : l'arrêté entre en vigueur aujourd'hui pour huit jours seulement).

Afin d'essayer de pallier les problèmes liés à cette voie normale que vous pointez à juste titre, il faut d'abord analyser la situation actuelle, et cela ne va pas aller en s'améliorant :
- Le mont Blanc est un mythe et le restera. Il plait plus que toute autre montagne.

- La pratique des sports outdoor est en explosion. Le mont Blanc n'échappe pas à la règle.
- La capacité d'accueil des vallées alentour ne cesse de croitre.
- Des remontées mécaniques permettent d'approcher les sommets au plus près des premières difficultés, parfois davantage.
- Le taux de réussite au mont Blanc est en augmentation, lié essentiellement à la condition physique des participants.
- Le mont Blanc n'est pas une montagne où le critère accessibilité (au sens où on l'utilise aujourd'hui dans les transports en commun par exemple) prime. On n'est pas obligé d'aller au mont Blanc. Les personnes insuffisamment préparées (physiquement, techniquement, non autonomes...) peuvent se faire plaisir ailleurs. On vit très bien sans aller au mont Blanc.
- Le refuge du Goûter est situé en terrain de haute montagne. C'est un des rares en France où il n'est pas raisonnable de ne pas accueillir un randonneur (alpiniste... bref, un piéton en montagne) le demandant. Au refuge de Tête Rousse, ce serait radicalement différent : mis à part les cas extrêmes de personnes épuisées ou blessées que vous évoquiez (pas Laurent, hein !) avec raison, refouler l'entrée à une personne n'ayant pas réservé (avec panneaux préventifs au Nid-d'Aigle par exemple) ne poserait pas les mêmes problèmes à l'étage inférieur. Il est aisé de redescendre ; au pire, passer une nuit dehors là-haut par une belle journée d'été n'est pas si désagréable.
- Faire le mont Blanc depuis le refuge de Tête Rousse est aujourd'hui tout sauf un exploit. Il n'y a "que" 1700 mètres de dénivelé. Au pire, il n'y a pas beaucoup d'entrainement à fournir pour un débutant disposant d'une santé normale afin d'y arriver.
- Dormir à 3800 m n'est pas sans risque : en prolongeant inutilement le séjour en altitude sans y être préparé, beaucoup souffrent du mal des montagnes avec des conséquences parfois graves, a minima physiques sur la suite de l'ascension malgré un dénivelé limité sur le papier (1000 m).

Monsieur Peillex, vous pointez à juste titre les problèmes de sécurité et de confort du refuge du Goûter. Monsieur Lambert vous êtes, de par votre titre, chargé de prendre les mesures pour protéger les citoyens en cas de danger avéré. De par ces constats, la bonne décision ici ne serait-elle pas la fermeture et le démantèlement définitif du refuge du Goûter, laissant le rôle d'étape au refuge de Tête Rousse, idéalement placé pour une ascension d'une durée encore raisonnable et sans les mauvais effets d'une nuitée en altitude, solution qui préserverait dans un même temps la liberté d'aller et venir ?

Le refuge du Goûter, archives lta38
Le refuge du Goûter, archives lta38

Le refuge du Goûter, archives lta38

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Rédigé par lta38

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Publié le 24 Juin 2018

Update. Aurais-je écrit un peu vite ? A vrai dire je n'en ai aucune idée et je n'ai aucune légitimité pour conclure sur cette affaire, et encore moins donner des leçons. Ayant l'habitude de faire confiance aux gens, j'ai naturellement relayé ce que m'avait confié Philippe Mussato. Mais du coup, je me devais aussi de faire une mise au point après que Luc Devantay, ouvreur de la voie "incriminée" avec Guy Abert, m'a contacté. Luc affirme que lorsqu'il avait équipé la longueur en 8a, il n'y avait aucun goujon en place ce qui contredit la version de Phlippe. Voilà donc qui relance le débat, chacun avançant étant passé avant l'autre. Sur les  deux topos originaux, on trouve la date d'ouverture de 2014 sans plus de précision. Nous ne saurons donc pas et ce n'est pas bien grave pour nous, "consommateurs" de voies. Mais cela m'apprendra peut-être à l'avenir à rester en marge de ce genre de débat et de grimper, tout simplement, sans forcément faire trop de commentaires. Et pour la petite histoire, laissons les protagonistes s'expliquer entre eux, en espérant qu'ils trouveront un terrain d'entente. En attendant, quelle que soit la voie que vous irez faire dans le coin, vous y trouverez de très beaux passages. N'est-ce pas là l'essentiel ?

Jeudi 21 juin. Je commence à réfléchir sur le projet grande voie du dimanche quand je reçois un texto de Cat' : "recherche partenaire grimpe pour ce week-end". Et nous avons le même objectif. Grimper, de préférence en grande voie, un peu en montagne mais pas trop car, de mon côté, le mariage de Leïla et JC me verra me coucher à une heure un peu avancée. Il y a quelques années, j'avais fait une voie magnifique dans le Dévoluy dont le cahier des charges correspond à celui du jour (i.e. "à la recherche d'une dent perdue", le Piéroux). Juste à sa droite, Guy Abert vient d'ouvrir une voie qui pourrait être similaire. Il y a bien trois longueurs en 7a/7b mais l'obligatoire n'est pas élevé donc nous irons voir.

Dimanche. 9h. La voiture roule sur le bitume désert du Trièves. Cat' me parle de la voie :
- Tu as vu sur c2c ?
- Quoi ?
- Y a Mussato qui dit que le dernier 7b passe dans une de ses voies qu'il avait ouverte avant et que cela ne serait pas gênant s'il n'avait pas rajouté pléthore de points.
- Ah ben oui effectivement.
- Et du coup, il a dit qu'il allait venir remettre en état dans l'été...

10h. Parking. Tiens y a Manu. Manu, c'est Manu le breton, Le Folgoc. Un des plus gros cocheurs de grandes voies de la planète. Ah, mais il y a aussi Bruno et Evelyne. Bruno, c'est Bruno Beatrix alias BBX, un fort grimpeur qui a ouvert beaucoup de lignes en Isère en ailleurs (Presles, Gillardes, Chartreuse...). Bref, du beau monde qui vient se régaler sur les belles lignes du Piéroux. En faisant la tournée de serrage des paluches, un quatrième visage se découvre :
- c'est Philippe ? C'est ça ?
- Oui et toi c'est ?
- Lionel, Lionel Tassan
- Ah, ça fait plaisir de mettre un visage sur un nom...


Philippe, c'est Philippe Mussato (voir ci-dessus si vous suivez). Philippe est un des grimpeurs de (très) haut niveau qui s'intéresse à l'ouverture (toujours en bon style, entendez, du bas) de grandes voies de haute difficulté. Fort heureusement, il crée aussi de véritables bijoux plus abordables. Allez faire un tour dans "une seconde la vie" à la dent de Crolles (6c/6c+ ; 6b obl) ou "Princesse de feu" au pic de l'Aigle (6c+ ; 6b+ obl), vous m'en direz des nouvelles.

On comprend très vite que Philippe, accompagné par Manu, est là pour remettre en état la longueur clé.

- Ne t'inquiète pas, si on passe avant vous, je te laisserai une chasse d'eau à l'endroit clé. Le reste n'est pas piégeux, tu verras, m'annonce Philippe en Gentleman.

Au moment de partir, Cat' :
- Lio !!!!!
- Quoi ?
- Mes chaussons !!! Ils sont restés à Grenoble

Je me vois déjà partir pour une randonnée pédestre vers Faraut et Cat' pense alors intérieurement qu'elle va passer la journée au soleil pendant que je grimperai avec les autres mais c'est sans compter sur le petit breton.
- C'est ton jour de chance, j'ai une seconde paire en 37 dans le coffre !
L'histoire peut donc continuer.

Les discussions vont bon train dans la marche d'approche et nous voici au pied du mur. Cat' souhaitant me laisser les longueurs dures sur le papier, c'est à moi que revient l'attaque de la première longueur. Un premier 6b sur un petit pilier, bien soutenu avec des pas fins. On est tout de suite dans le bain. C'est bien équipé ; on ne prend aucun risque. C'est dans L2 que l'on commence à se poser les premières questions. Passons sur la cotation (plutôt 6a que 6b) ; on s'en moque et à l'ouverture (cette voie dite Abert/Devantay du nom des deux ouvreurs n'a été encore que très peu parcourue), il y a souvent des ajustements à faire dans les cotations. En revanche, le rocher est bien douteux. Il ne faut pas tirer sur n'importe quoi. On grimpe un peu sur des oeufs, avec un passage couché végétatif. En second, je m'applique à ne pas faire tomber le moindre caillou sur la cordée BBX en-dessous (on domine très souvent "la dent perdue"). Ca passe par de micro-prises en délaissant certains gros bacs. L'équipement est bizarre : plusieurs fois on trouve deux points à un mètre l'un de l'autre dans du 4/5...

Avec L3, les difficultés commencent. Annoncée 7a, cette longueur présente un mur de dix mètres absolument splendide. Je n'ai pas de rési pour enchaîner, d'autant qu'il faut un peu réfléchir pour deviner les bonnes prises et donc, on perd du temps et les bras fument sur les petites prises. Mais avec un peu de repos, ça passe sans tricherie. Par contre, quelle débauche de points ! Encore un peu et ce serait une via ferrata. Si la difficulté était de chercher une voie dans le 6a/b, peut-être aurait-il fallu passer ailleurs. Je trouve dommage de sur-équiper à ce point, d'autant qu'il n'y a pas de pas de bloc. Avec deux points en moins, ça passerait très bien et ça ferait moins "artificiel". La suite de la longueur est très belle en 6b. Une petite longueur facile de jonction et nous sommes au pied du second mur annoncé 7b.

Comme pressenti, c'est du 6c qui s'enchaîne jusqu'au crux imbitable pour nous, trop dur, trop bloc. On tirera sur deux points. Mais jusque là, c'est très beau. Là encore, on aurait pu virer deux points sans que ce soit dangereux et limitatif. Deux belles longueurs gâchées par la suivante, très péteuse en 6b. Cat' partira en tête avec un bon tiroir qui s'écrasera aux étages inférieurs, heureusement déserts. Nous voici alors au pied du grand mur jaune et la longueur sujette à discussion.

La voie Mussato arrive de la droite et les deux se rejoignent au pied du mur. Et effectivement, Guy Abert a bardé de points la longueur, retirant même me semble-t-il certains goujons de Mussato (pourquoi ?). En contrebas, on voit arriver la cordée de Philippe et Manu (qui au passage, se prend un beau voyage avec une prise éjectable). On est donc devant et certainement les derniers à faire la longueur avec l'équipement actuel.

Que dire ? Je ne suis pas un expert mais, sur les trois-quarts, la voie Abert/Devantay souffre de plusieurs défauts :
- Trop proche de la "dent perdue", comme elle a été ouverte après, elle pourrait tout à fait avoir sa légitimité à condition qu'elle passe sur une ligne bien individualisée.
- le premier pilier (20 m), la longueur en 7a (30 m) et les 15 m de beau 6c dans le premier 7b ne suffisent pas à rattraper un ensemble au rocher douteux
- l'équipement ultra plétorique est discutable dans une ligne destinée quoi qu'il en soit à des grimpeurs déjà un minimum techniques (il faut être dans le 6c pour venir dans ce secteur sous peine de grosse souffrance)

Cependant, il n'y a pas de règles et malgré ces bémols, l'escalade reste intéressante et la voie Abert reste pour moi légitime et le resterait s'il n'y avait pas cette sorte de violation de la voie Mussato. A la limite, la voie aurait pu sortir par la Mussato mais en laissant l'équipement d'origine. Je pense que cela n'aurait point gêné ce dernier. Mais c'est sûr que l'équipement n'aurait pas correspondu à tout le reste et il n'était pas logique pour Abert de finir par un 7c/8a (cinq mètres blocs infâmes succédant à vingt mètres de 7a majeur) avec un engagement différent du reste de sa voie.

Mais dans ce cas, il aurait fallu trouver une autre ligne (ça peut peut-être passer entre la Mussat' et la Dent Perdue d'après BBX) ou accepter que sa voie s'arrête là et annoncer une fin par "dent perdue" par exemple. Au lieu de cela, je découvre en grimpant cette longueur majeure, l'ampleur du massacre. Des tiges enfoncées parfois mais surtout des goujons rajoutés. Combien ? Je n'en sais rien. Mais sur vingt-cinq/trente mètres, il y a dix-neuf points à clipper. Et franchement, toute la première partie en 7a n'est que rési. Avec deux fois moins de points, je serais passé car, comme me l'avait annoncé Philippe à juste titre, ce n'est pas piégeux. Les prises crochètent, la grimpe est magnifique. C'est majeur. Je comprends le désarroi de l'ouvreur de la ligne. Derrière, Cat' commence à souffrir d'autant qu'elle porte le sac. Même s'il n'est pas très lourd, c'est vite handicapant dès que ça déverse. Mais elle se bat bien et avec quelques repos, elle aussi réalise tous les mouvements de la section en 7a.

Un dernier passage retors malgré les points rajoutés par Abert (6b+ bloc sans pied) suivi d'un 6a pourri pour finir et nous voici au sommet où un rappel de 25 m précède trente minutes de marche pour nous ramener au parking. Pendant ce temps, Manu et Philippe ôtent quinze (!!) goujons pour remettre les deux dernières longueurs de la voie baptisée "Obiou dégradable" à l'origine, dans son état originel.

En résumé, la voie Abert, bien que loin d'être dénuée d'intérêt avec même quelques très beaux passages, donne  toutefois l'impression d'être un peu une voie " à tout prix". Elle aurait eu sa légitimité avec une sortie différente et un meilleur nettoyage.

Pour la petite histoire, la voie de Philippe Mussato a été rebaptisée "le regard Claire"... Claire était une grimpeuse que (presque) tous les Grenoblois (et +) connaisaient. Sa gentillesse, son écoute étaient inégalables. La montagne a tristement décidé qu'elle devait stopper ses ascensions lors de cette tragique randonnée à skis de cet hiver 2018. Merci Philippe pour ce clin d'oeil.

En attendant d'éventuels rebondissements dans cette affaire de goujons, les grimpeurs de niveau 6c trouveront leur bonheur dans la voie de gauche qui reste un must (à la recherche de la dent perdue).

Cat' sort de L3

Cat' sort de L3

Cat' en termine avec L5

Cat' en termine avec L5

Vue sur la fameuse longueur sujette à discussion. Le photographe vaché sur un point dans le crux en... 8a.

Vue sur la fameuse longueur sujette à discussion. Le photographe vaché sur un point dans le crux en... 8a.

Sortie de la longueur : il faut se remettre à serrer les prises

Sortie de la longueur : il faut se remettre à serrer les prises

Avant dernier relais après un pas bien dur un peu obligatoire

Avant dernier relais après un pas bien dur un peu obligatoire

Evelyne assurée dans Bruno dans la fin de "dent perdue"

Evelyne assurée dans Bruno dans la fin de "dent perdue"

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Rédigé par lta38

Publié dans #escalade-alpi, #humeur

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