loup

Publié le 16 Février 2021

Mon activité autour du loup est quelque peu ralentie. Comme souvent autour de la faune, j'aime prendre les espèces les unes après les autres et apprendre à les connaître. J'ai passé deux années et demi à essayer de suivre les loups d'une vallée et j'ai beaucoup appris. Alors certes, je me considère toujours comme novice et ai encore beaucoup à apprendre. Mais il faut reconnaître que l'ampleur de la tache est parfois décourageant : d'abord le terrain (du dénivelé, de la distance, du hors-sentier parmi le pire de ce qu'on doit rencontrer dans nos Alpes), ensuite l'animal (un fantôme, une intelligence), au final la goutte d'eau dans un vase bien plein, le vol de deux caméras cette année.

Si la pilule de la première a été assez rapidement avalée, la seconde est passée plus difficilement avec un peu de résignation. Certains doivent peut-être s'en réjouir en lisant ces lignes. Je pense notamment à ceux qui détestent le loup pour des raisons qu'on connaît. Grand bien leur fasse ; pour ma part, il ne me viendrait pas à l'esprit d'être content lorsqu'un berger farouchement opposé au loup se ferait prélever des brebis par Isengrin. Au-delà de ces considérations personnelles, on peut se poser la question concernant la pose de ce type de caméras qui se généralise et notamment pour la protection de l'intimité de chacun. Pour le moment, la règlementation n'interdit pas vraiment de faire quoi que ce soit, encore qu'il faille théoriquement l'autorisation du propriétaire. Il faut notamment le prendre en considération lorsque nous sommes en terrain public (ex : ONF). Pour le reste, je peux comprendre que des personnes soient gênées par cette pratique, qu'elles soient chasseurs ou "simples" randonneurs. De mon côté, j'atteste que tous les plans de personnes sont systématiquement mis à la poubelle, sauf dans deux cas :
1- Personnes non reconnaissables (loin ou de dos), lorsque le plan pourrait me servir ;
2- Personne(s) susceptible(s) d'avoir vu ma caméra (pour éventuellement essayer - probablement en vain - de retrouver le coupable d'un vol a posteriori). Je précise que dans ce cas, les images sont gardées à la maison et non diffusées.

Il reste que le "passant" qui tombe sur une caméra peut ne pas avoir envie d'être filmé et être tenté de la voler. En ce qui me concerne, l'acte n'est quand même pas "facile" car il aura fallu couper le câble de sécurité (ou les attaches arrière) ce qui signifie que les coupables possédaient dans leur sac le matériel adéquat et donc, étaient déjà bien intentionnés ! Précisons qu'il existe une manière toute simple de signifier son mécontentement : il suffit d'ouvrir la caméra et de voler uniquement la carte mémoire. Evidemment, j'en serais un peu dégoûté mais ce serait nettement moins pire...

Pour en revenir à mon activité autour de ces caméras automatiques, elles restent indispensables pour apprendre, comprendre. C'est toujours un grand plaisir que de mettre la carte mémoire dans l'ordinateur et découvrir ce qui s'est passé pendant des semaines. Cette caméra avait été posée autour du 20 septembre et je n'y étais pas retourné depuis. Une fois sur place, terrain méconnaissable mais je retrouve assez facilement le bon arbre. Il faudra creuser : pas moins de deux mètres de neige à cet endroit !!!

225 vidéos. Il y aura de quoi éplucher. Au final, beaucoup de cerfs (normal, c'est leur coin), mais aussi du loup, renard, lièvre variable, martre, oiseaux... Un régal !! Sans compter encore un bon moment dehors et beaucoup de plaisir à se déplacer à skis sur la neige, avec quelques petites pentes au passage... et plus de 1600 m de dénivelé. Quand on aime, on ne compte pas !

Cerfs
Cerfs
Cerfs
Cerfs
Cerfs

Cerfs

Loups
Loups

Loups

Renard

Renard

Lièvre variable

Lièvre variable

Nivose

Nivose

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Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #brame du cerf, #loup, #ski-glisse, #animaux

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Publié le 8 Novembre 2020

Quels émotions et rebondissements que le suivi de cet animal !
- Hiver 2018 : début de mes recherches sur un site très fréquenté le printemps et l'hiver précédent. Fiasco total
- Juin 2018 : après un changement de secteur et de nombreuses sorties chronophages, enfin mes premiers loups sur une caméra automatique
- Septembre 2018 : observation d'un loup en direct après de nombreuses heures d'affût depuis le printemps
- Novembre 2018 : premières vidéos de jour
- Hiver 2019 : suivi régulier de la meute
- Printemps 2019 : la louve est pleine. Promesse d'avoir peut-être cerné le secteur.
- Eté 2019 : bide total. Plus on en sait, moins on en sait !
- Printemps 2020 : rebelote la louve et son ventre mais cette fois, on s'attend à ce que ce soit comme l'année précédente
- Eté 2020 : sans surprise. Ils ont complètement disparu de la circulation
- Automne 2020 : écoute à deux reprises de hurlements puis observation d'un loup et découverte d'une carcasse fraîchement consommée. Les caméras sont en place bien qu'il ne reste plus beaucoup de viande. On ne sait jamais. A suivre !

De très nombreuses empreintes dans le secteur de la carcasse

De très nombreuses empreintes dans le secteur de la carcasse

La voici désormais surveillée
La voici désormais surveillée

La voici désormais surveillée

L'automne
L'automne

L'automne

Du monde dans ce secteur

Du monde dans ce secteur

Le loup observé. Il ne devait pas être seul !

Le loup observé. Il ne devait pas être seul !

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Rédigé par lta38

Publié dans #loup

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Publié le 2 Novembre 2020

NB : à partir de ce jour, les dates de publication des billets ne correspondent plus du tout avec les dates des sorties, cause confinement. (dans l'immense majorité des billets de ce blog, la date de la publication correspond à la date de la sortie sauf exception - à un ou deux jours près - ou mention contraire ; mais ce ne sera plus le cas durant le confinement).

Pour commencer cette série de billets, un petit montage sur "mes" loups sur fond de musique d'Avatar (qu'est-ce que tu fous James ?? On attend le 2 bon sang !!!). Bon visionnage !

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Rédigé par lta38

Publié dans #loup

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Publié le 19 Octobre 2020

C'est une aventure commencée pour ma part il y a presque trois ans. Elle m'a "coûté" jusque là six caméras automatiques (dont une volée) plus le consommable qui va avec (piles, cartes mémoires, câbles Python...) mais surtout beaucoup de temps passé en montagne.  J'estime totaliser en ces trois années une centaine de sorties soit plus de cinq-cents heures de terrain sans compter les préparatifs, tris d'images, allers-retours en voiture...). Tout cela bien sûr, pour le plaisir même si certaines "missions" (relevés de cartes par conditions difficiles et terrain éloigné, affûts dans le froid sans rien voir...) sont parfois décourageantes. En même temps, ce sont tous ces échecs, toutes ces attentes devrais-je dire (car il n'y a pas vraiment d'échec, juste de la patience) qui font la qualité du moment lorsqu'il se produit. Le moment s'est produit lorsque j'ai eu mon premier loup sur une caméra puis à chaque vidéo de loup de jour et enfin, à deux reprises en observation directe (prolongée). Ces observations ont à mes yeux une grande valeur, justement parce qu'elles ont été faites depuis une endroit où j'étais posté, et dans une certaine quiétude. Elles surpassent pour moi les deux rencontres furtives faites dans les Abruzzes en 2017, ou encore le loup observé lors d'une sortie à skis de rando en Lauzière en 2008 et même mes deux premiers loups dans le massif des Monges au jour de l'an 2000, une rencontre que j'aurais pu mieux "exploiter" avec un peu d'expérience...

Cette neige, que je maudis depuis la fin septembre pour avoir perturbé mes déplacements et la saison de brame aura finalement été une aubaine. En arrivant sur ce secteur, pas un cerf ne se fait entendre, ni même observer. C'est un désert (blanc) total. Je "tombe" alors sur des empreintes de loups. Nombreuses. Ils sont là et c'est tout frais. Je sors la doudoune, m'installe sous un petit pin et passe au peigne fin la montagne. "Il" est là, sur une crête. Tranquille. Enorme !!

Une observation plus éloignée qu'il y a deux ans mais toute aussi intéressante. Elle durera une demi-heure avant que je ne le perde de vue. Un grand moment, bien plus que si je l'avais observé rapidement dans les phares de la voiture ou même tout près au détour d'un sentier. Lorsque je quitte les lieux, je comprends la raison de leur présence : une carcasse de cerf sans doute mort il y a quatre jours. Probablement suite à un combat au brame. Les loups n'ont pas fait de quartier. Le secteur est criblé de traces !!! J'arrive sans doute après la bataille mais quelle journée !!!

Ils sont là !

Ils sont là !

Cherche !

Cherche !

Il est là !!!
Il est là !!!

Il est là !!!

La raison de leur présence

La raison de leur présence

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Rédigé par lta38

Publié dans #loup

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Publié le 25 Juin 2020

La prime pour retrouver le tueur de l'ours pyrénéen est toujours dans l'attente d'être distribuée. Tandis que certains élus, donc responsables de notre pays à leur échelle, encouragent "la montagne à rester muette". Autant je comprends parfaitement la détresse d'un éleveur lorsque celui-ci voit son troupeau attaqué, autant je n'accepte pas qu'une personne censée représenter l'ensemble des citoyens n'ait pas une attitude neutre ou en tous cas, conforme à la loi, loi qui n'a pas été respectée dans le cas présent. Cette attitude inacceptable de la préfète de l'Ariège est toutefois évocatrice des problèmes posés par les grands prédateurs, le principal étant le loup. Mais pour connaître un peu le sujet, il faut avoir conscience de comment le gouvernement essaie "d'acheter" une certaine paix sociale sans résoudre le problème. Pour cela, il faut s'intéresser à l'espèce.

Le loup est un carnivore de taille respectable. Il chasse principalement les grands ongulés. Tous y passent (chamois, chevreuil, cerf, mouflon, sanglier) ou presque (le bouquetin doit être une proie plus anecdotique). L'équivalent du mouflon version domestique est le mouton, du chamois la chèvre (c'est d'ailleurs le petit nom que l'on donne à la femelle chamois). Ces espèces font donc aussi partie du menu. Et de manière très occasionnelle pour des meutes spécialement nombreuses, de plus gros herbivores (équins, bovins).

Les chiffres Maploup pour 2020 sont éloquents : à la moitié de l'année, sur le dispositif des départements 26, 38, 73 et 74, on note 649 ovins tués pour 740 animaux domestiques au total soit à peine une centaine pour toutes les autres espèces réunies. Les bovins et caprins comptent pour 75% des restants. On peut donc se focaliser essentiellement sur le cas du mouton et essayer de comprendre pourquoi.

Si les bovins et équins peuvent mieux résister de par leur taille, les caprins et ovins sont plus vulnérables. Les élevages de chèvres sont rarement d'immenses troupeaux. Ils sont plus faciles à surveiller. Ils sont aussi bien moins nombreux. Le mouton en revanche est élevé en troupeaux modestes (300 têtes) à très intensifs (plus de 2000 bêtes). Pour ce dernier cas, il est impossible de les parquer chaque nuit et de les parquer tout court. Ils ont besoin d'espace. Ces grands troupeaux sont donc les plus vulnérables. Dernier point et non des moindres, l'attitude d'un mouton. C'est un animal qui n'est pas développé pour faire face au loup. Sa domestication par l'homme l'a rendu moins intelligent, moins vif. La fuite est quasi impossible. Dans un troupeau, c'est la fête pour le loup qui s'en donne à tous les cuissots qui lui passent sous les dents. Les moutons (de Panurge... pas appelés ainsi pour rien) fuient sans aucun bon sens. Il arrive qu'ils se précipitent tête baissée par-dessus une falaise. Le résultat pour l'éleveur peut être catastrophique.

Le mouton est donc une proie facile. Pourtant, certains loups ne s'y attaquent peu. Les meutes bien enracinées, avec plusieurs subadultes présents pour prêter main forte ont tout intérêt à rester sur de l'animal sauvage. Et les loups le savent. Quiconque a observé un loup dans la nature (généralement brièvement et de manière fortuite) a pu noter que l'animal s'est rapidement éclipsé. Parfois après quelques secondes d'observation, sans affolement. Mais éclipsé. Le loup hait l'homme. Contrairement à ce qu'on peut lire dans les journaux, les loups ne sont pas en train de modifier leur comportement et de venir faire des affûts près des villages pour attendre un enfant qui se serait un peu éloigné du reste de la troupe ! Le loup sait très bien que l'homme est son pire ennemi. C'est désormais inscrit dans ses gênes. Et donc, si la meute est bien organisée et installée sur le territoire de nombreux cervidés par exemple, ce sont ceux-ci qui auront sa préférence. Pour sa tranquillité. C'est typiquement le cas de la meute que je suis ; les prélèvements d'animaux domestiques par an se comptent sur les doigts de la main. Mais il n'y a pas que des meutes de loups. Il y a aussi des loups qui vivent (et errent) dans l'espoir de trouver/fonder une meute. Ces loups, souvent seuls, rarement à plus de deux, manquent d'expérience et de moyens. Ce sont souvent ceux-là qui s'attaquent aux troupeaux, par facilité. La faim les pousse. 

Lorsqu'un éleveur subit une attaque, il peut remplir un dossier pour demander la présence du louvetier. Le louvetier peut être contacté pour des tirs d'effarouchement ou des tirs de prélèvement. Le prélèvement se fait aux abords du troupeau, en surveillant jour et nuit l'arrivée éventuelle des prédateurs. Cependant, une étude menée par Jean-Marc Landry, grand spécialiste du problème, montre que plus de la moitié des loups observés à proximité d'un troupeau n'a pas l'intention de s'y attaquer. Il s'agit juste de loups de passage. Dans ce cas, le tir éventuel ciblera donc moins d'une fois sur deux un loup responsable. Mais il y a pire. Le tir de défense renforcé : il est accordé et accompagné de plusieurs louvetiers avec un cadre élargi au-delà du troupeau (en gros dans les montagnes environnantes). Un ou plusieurs loups peuvent être abattus sans qu'ils soient à proximité du troupeau. Le pourcentage de chance que ces animaux avaient l'intention d'attaquer est encore inférieur... Ainsi, on ne tire pas les loups qui posent problème ou au moment où ils posent problème mais des loups "au hasard" de la rencontre. Dans le cadre de tirs de défense renforcée, l'élargissement géographique fait qu'on peut tirer carrément une autre meute que celle qui avait fait parler d'elle. Et le pire, sans distinction alpha/subadultes. Et en dégommant un loup alpha, la meute est complètement destructurée et cela se solde régulièrement par une dispersion d'individus qui se retrouvent dans le cas du loup seul, qui s'attaquera donc plus facilement à un troupeau. Voilà pourquoi le système actuel fait grincer des dents :
- chez les défenseurs du loup qui voient la destruction d'une espèce protégée sans que le problème ne soit résolu
- chez les éleveurs qui voient que le problème n'est pas résolu (et demandent parfois une augmentation des quotats)

Voilà les faits. Il faudrait aller plus loin dans l'étude du comportement des loups pour trouver des solutions viables. Il faut savoir aussi que beaucoup d'éleveurs préfèrent éviter les tirs de loups (y compris lorsqu'ils sont inquiétés) et ce, par respect du monde vivant. Ne pas se fabriquer des clichés "pour ou contre le loup". Et la protection des troupeaux, d'autant plus qu'ils ne sont pas trop importants, fonctionne régulièrement (mais pas toujours il est vrai) si les mesures sont bien appliquées : bergers de surveillance, chiens de protection en nombre suffisant (préconisations = 1 chien pour 100 ovins - mais on reste régulièrement en deçà d'après mes observations). 

La saison d'été est lancée. Les moutons sont de retour dans les alpages (vus par exemple au col du Glandon). On aimerait tous (en tous cas c'est mon souhait) voir les attaques diminuer et les prélèvements de loups non atteints. De mon côté, malgré une petite déroute printanière avec une caméra volée, je poursuis mon apprentissage sur cet animal. Il est vraiment surprenant. Le couple alpha n'a pas fini de m'étonner.

Ils sont toujours là. Des images de jour qui font plaisir !
Ils sont toujours là. Des images de jour qui font plaisir !
Ils sont toujours là. Des images de jour qui font plaisir !

Ils sont toujours là. Des images de jour qui font plaisir !

Le rhododendron : Belledonne colorée en rose de juin à juillet.

Le rhododendron : Belledonne colorée en rose de juin à juillet.

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Rédigé par lta38

Publié dans #loup

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