Publié le 2 Août 2023

Le point culminant de Belledonne fut ma première course alpine rocheuse dans ce massif en 1997. Je m'en souviens comme si c'était hier. Nous étions montés avec une bande de copains. seuls mon frère et moi avions prévu de faire la traversée. Pascal et Nicolas nous accompagneraient jusqu'au sommet puis referaient en arrière la voie normale. Frédo et Sébastien nous attendraient à la croix de Belledonne. Nous avions bivouaqué au lac Blanc. C'était il y a plus de vingt-cinq ans. J'avais une pensée particulière pour mon grand-père Isidore qui venait de nous quitter. Douze ans plus tard, Nicolas qui était devenu mon plus proche "partenaire alpin" décédait dans une avalanche.

J'y suis revenu de nombreuses fois et notamment depuis que j'habite pile en face. En moyenne une fois par an (car c'est une bonne bavante). La traversée des arêtes commence par la descente du Grand Pic dans le couloir sud. Ce n'est pas très difficile (des passages de 3) mais le fait d'arriver par haut avec des lignes fuyantes et la présence de ressauts impose à la majorité des pratiquants la technique du rappel. Trois rappels sont nécessaires (30/35/50) ou quatre (30/35/30/20). Cela oblige à porter a minima 2x35 mètres de corde ; très souvent 2x50 pour qui ne dispose pas de la longueur minimale suffisante. Or, la suite (la partie qui grimpe sur les arêtes) ne comporte que trois passages de 4b/c qui peuvent se franchir en trois petites longueurs de 20 m, le reste se faisant bien à corde tendue. On porte donc un énorme surplus de corde pour pas grand chose, sur les quasi 2400 mètres (!!) de dénivelé de la course depuis la Gorge (départ conseillé car le plus efficace malgré un petit surplus de dénivelé, voir ici).

Or, il suffirait de ne pas faire ces rappels et désescalader cette partie, ce qui se fait très bien. Le hic, c'est que ce couloir est fait de roches moutonnées où les protections sont quasi impossibles à placer. En général, je ne prends que 35 m de corde, je mouline ma/mon partenaire et je désescalade la longueur en solo. Peu recommandable, y compris pour un guide chevronné qui aurait en charge un client : on n'est jamais à l'abri notamment d'une chute de pierre. L'idéal serait donc de descendre à corde tendue en protégeant, idée soulevée ici.

La seule solution consiste donc à poser quelques points à demeure (plaquettes). Monter le perfo (et le reste) là-haut n'est pas une mince affaire encore qu'à deux, en ne prenant du coup que 25 mètres de corde, nous ne serions pas plus lourds qu'une cordée normale. C'est ce que nous ferons ce jour avec Damien. Une bonne chose de faite ! J'espère que les prochaines cordées apprécieront de ne monter là-haut qu'avec un simple brin de 25 mètres !

Dans le détail, cela donne :
- Premier rappel : 4 points posés rive gauche du couloir jusqu'au relais suivant.
- Deuxième rappel : 4 points posés dans l'axe du couloir puis dans la branche de droite (orographiquement parlant) quand il se divise en deux.
- Troisième rappel : 3 points posés main droite (en regardant le bas de la face) en se rapprochant d'une vague arête où se situe le relais d'après.
- De là, ne pas continuer à descendre dans le couloir mais poser un petit rappel (10 mètres) qui franchit cette arête (désescalade possible d'un ressaut vertical de 7 m en 3 - attention à la qualité du rocher - pas de point en place). Idéalement, ne pas se décorder car nous n'avons pas posé de point de sécu en bas de ce passage. Peut-être une erreur... Désolé. Après, il s'agit d'une terrasse où il ne peut rien se passer tellement elle est spacieuse.
- Partir à l'horizontale en direction de la brèche Reynier (une plaquette posée - 3b) et poursuivre par la traversée classique.

Une autre nouvelle méthode consiste à gagner le sommet du Grand Pic par la "croix et la manière". C'est un tout autre niveau. Ouverte en septembre 2022 par Thibault Cattelain, Amaury Fouillade et Sylvain Thiabaud, elle remonte la partie gauche (la plus raide et la plus haute) de la face nord-ouest sur dix longueurs oscillant du 6a au 7a. Une plaquette par relais et quelques points dans les longueurs. Matériel de trad' complet indispensable. Sans doute un must de Belledonne dans un niveau déjà assez élevé et surtout, avec un équipement minimal qu'il faudra compléter. Les première répétitions parlent d'une voie splendide ! Bravo aux ouvreurs. La grande classe !

Bien content d'avoir pu mener à bien ce projet avec l'aide et la complicité de Damien et dans des temps tout à fait honorables (8h parking-parking depuis la Gorge). Une "micro-aventure" qui clôt pour moi deux semaines (une dizaine de sorties) de grimpe en Belledonne : ouverture, rééquipement et grimpe tout court. Il est temps de passer à la troisième partie du programme de l'été.

Nouvelle formule : en rouge, les relais (inchangés) et le seul (petit) rappel nécessaire ; en jaune, les passages à (dés)escalader avec leur cotation ; en bleu les points en place non touchés ; en vert les goujons ajoutés

Nouvelle formule : en rouge, les relais (inchangés) et le seul (petit) rappel nécessaire ; en jaune, les passages à (dés)escalader avec leur cotation ; en bleu les points en place non touchés ; en vert les goujons ajoutés

En rouge, la voie Thiabaud ; en vert en bas l'arrivée par le socle. La voie coupe la Rébuffat en jaune dans la longueur en 5b/c et vient tangenter la Coupé (en vert). Sortie directe au sommet en bleu non terminée.

En rouge, la voie Thiabaud ; en vert en bas l'arrivée par le socle. La voie coupe la Rébuffat en jaune dans la longueur en 5b/c et vient tangenter la Coupé (en vert). Sortie directe au sommet en bleu non terminée.

Traversée du Grand Pic : rééquipement dans le couloir ; vue sur le bassin Freydane depuis la vire ouest ; le dernier ressaut en 4c ; le petit gendarme et sa désescalade en 3 avant le pic Central (petit rappel de 12 m possible)
Traversée du Grand Pic : rééquipement dans le couloir ; vue sur le bassin Freydane depuis la vire ouest ; le dernier ressaut en 4c ; le petit gendarme et sa désescalade en 3 avant le pic Central (petit rappel de 12 m possible)
Traversée du Grand Pic : rééquipement dans le couloir ; vue sur le bassin Freydane depuis la vire ouest ; le dernier ressaut en 4c ; le petit gendarme et sa désescalade en 3 avant le pic Central (petit rappel de 12 m possible)
Traversée du Grand Pic : rééquipement dans le couloir ; vue sur le bassin Freydane depuis la vire ouest ; le dernier ressaut en 4c ; le petit gendarme et sa désescalade en 3 avant le pic Central (petit rappel de 12 m possible)

Traversée du Grand Pic : rééquipement dans le couloir ; vue sur le bassin Freydane depuis la vire ouest ; le dernier ressaut en 4c ; le petit gendarme et sa désescalade en 3 avant le pic Central (petit rappel de 12 m possible)

Glacier de Freydane, état actuel ; petit lac au-dessus du col du Bâton à la descente ; Grand Pic et ses arêtes depuis le col de Freydane ; Grand Pic depuis le lac Blanc
Glacier de Freydane, état actuel ; petit lac au-dessus du col du Bâton à la descente ; Grand Pic et ses arêtes depuis le col de Freydane ; Grand Pic depuis le lac Blanc
Glacier de Freydane, état actuel ; petit lac au-dessus du col du Bâton à la descente ; Grand Pic et ses arêtes depuis le col de Freydane ; Grand Pic depuis le lac Blanc
Glacier de Freydane, état actuel ; petit lac au-dessus du col du Bâton à la descente ; Grand Pic et ses arêtes depuis le col de Freydane ; Grand Pic depuis le lac Blanc

Glacier de Freydane, état actuel ; petit lac au-dessus du col du Bâton à la descente ; Grand Pic et ses arêtes depuis le col de Freydane ; Grand Pic depuis le lac Blanc

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Rédigé par lta38

Publié dans #Belledonne, #escalade-alpi

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